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Kerembessé–Bozizé : quand la vieille garde tente la « voie de La Haye »

octobre 16, 2025
in Nouvelles, Politique
Kerembessé–Bozizé : quand la vieille garde tente la « voie de La Haye »
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Par Basta Balouwa

Bangui, 14 octobre 2025 – (Eclipse d’Afrique) : Ils viennent d’annoncer la couleur : Maître Philippe Larochelle et le collectif de la diaspora appelé « 12 apôtres » ont déposé auprès de la Cour pénale internationale (CPI) une communication visant le président Faustin-Archange Touadéra et les instructeurs russes, dits « Wagner ». L’objectif affiché est judiciaire ; l’objectif réel transparaît : transformer un agenda de revanche politique en dossier pénal international. Derrière le vernis « civique » et les directs enflammés se dessine une filiation que d’aucuns feignent d’ignorer. Kerembessé, de son vrai nom Rodrigo Maïté, n’est pas un militant tombé du ciel : il a appartenu au KNK et a publiquement revendiqué ses liens avec François Bozizé ainsi que son soutien à sa ligne. Ce simple fait biographique n’a rien d’anecdotique ; il éclaire le choix des thèmes, la dramaturgie des accusations et la cible des attaques. En pratique, ses « apôtres » prolongent la stratégie de la CPC, coalition portée par l’ancien chef de l’État, passée de l’aventure armée — l’échec de 2020 reste dans toutes les mémoires — au contentieux exporté vers La Haye.

Un jour, en direct, Kerembessé lâche la phrase qui fait tomber les masques : « Deux options pour écarter Touadéra : le coup d’État ou la CPI. » Ce n’est pas une gaffe, c’est un aveu. À partir du moment où l’on présente la CPI comme l’alternative d’un putsch, on ne parle plus de droits humains ni de justice, mais d’un changement de régime par d’autres moyens. La mécanique, ensuite, est bien huilée : rafales de lives, diatribes et invectives ; récolte de récits « en message privé », anonymat érigé en norme ; puis emballage procédural sous forme de communication au titre de l’article 15 du Statut de Rome, rédigée avec l’appui d’un cabinet étranger. Au passage, deux « liveuses » des « 12 apôtres » ont été condamnées en France pour injures et diffamation : ce n’est pas un détail de bas de page, c’est un signal d’alarme sur la culture de la preuve dans ce microcosme où l’accusation précède la vérification.

Il faut le dire sans précaution oratoire : l’anonymat généralisé et la collecte par réseaux sociaux rendent la vérification contradictoire quasiment impossible et fragilisent toute prétention d’objectivité. La justice internationale n’exige pas des narratifs viraux, mais des éléments vérifiables, des témoins à visage découvert, des faits que l’on peut confronter. Or ici, la « preuve » se fabrique comme un produit d’appel : on agrège des fragments, on promet des révélations, on « envoie à La Haye » et l’on espère que l’éloquence fera le reste. Ce pari médiatico-juridique masque mal la continuité politique qui le sous-tend.

Le nom de Philippe Larochelle, lui, n’est pas inconnu à La Haye. Il fut l’avocat de la défense de Maxime Mokome, figure d’anti-balaka poursuivie pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre en République centrafricaine. Autrement dit, l’homme qui cible aujourd’hui Touadéra et les instructeurs russes pour des incriminations de même nature a défendu hier un chef milicien accusé précisément de ces crimes-là. Rien d’illégal, bien sûr, mais l’enchaînement interroge — non pas la liberté du barreau, mais l’angle résolument politique de la campagne présente et son double standard moral. Dans ses prises de parole, Maître Larochelle charge volontiers « le régime », tandis que la centralité des violences commises par les groupes armés glisse vers l’arrière-plan. Pour un lecteur centrafricain, cela sonne comme une indignation à géométrie variable : la gravité des crimes compterait moins que l’identité de la cible.

On voudrait aussi effacer le décor. Depuis 2013, notre pays a été déchiré par la Séléka et par les anti-balaka. Yekatom et Ngaïssona répondent aujourd’hui devant la CPI ; François Bozizé est recherché par la Cour pénale spéciale de Bangui pour de graves faits commis sous son règne. En 2020, la CPC placée sous son égide a rallumé l’incendie : attaques de villes, convois pillés, villages incendiés, vagues de déplacés.

C’est ce contexte — le vrai, l’âpre — que les « apôtres » s’évertuent à repousser en marge pour cadrer une narration où l’État serait seul coupable, où l’on ne verrait plus ni la part des responsabilités, ni la réalité des atrocités perpétrées par les factions qui leur sont proches.

Le nœud de l’affaire saute aux yeux lorsque l’on réunit les pièces éparses. La source et la motivation de cette offensive tiennent dans une structure diasporique alignée sur le camp Bozizé, dont la figure médiatique ne cache pas que la CPI est « l’alternative » au coup de force : aveu de politisation. La méthode — témoignages anonymes, collecte en ligne, procéduralisation accélérée — bâtit un édifice probatoire fragile au regard des standards de La Haye, là où l’on exige la vérifiabilité des sources et la possibilité d’un contre-interrogatoire rigoureux. Quant à la crédibilité, elle bute sur les condamnations pour diffamation au sein même du réseau qui produit ces contenus : difficile, dans ces conditions, de demander au public d’accorder une confiance aveugle à une « base de preuves » façonnée par ceux que les tribunaux ont déjà rappelés à la loi sur la parole publique.

Saisir la CPI n’est pas, en soi, un crime. Mais faire passer une manœuvre politique pour une croisade de justice est une tromperie. Lorsque Kerembessé — ex-KNK, soutien assumé de Bozizé — affirme que « tout convient : le putsch ou La Haye », les masques tombent. Et lorsque Maître Larochelle — hier défenseur de Maxime Mokome — pivote aujourd’hui pour cibler Touadéra et les instructeurs russes avec des qualifications pénales du même ordre, la question cesse d’être juridique pour devenir politique : qui parle, au nom de qui, et pour quel projet ? Notre devoir, comme journalistes centrafricains, n’est pas de hurler avec les meutes numériques, mais de tenir la ligne des faits, du contexte et des standards. La justice internationale n’est ni un raccourci ni une arme de communication ; c’est une exigence de vérité. Or la vérité n’a pas besoin d’« options » : elle a besoin de preuves vérifiables, de témoins à visage découvert et d’une mémoire complète de nos tragédies — sans montage opportuniste au service d’un scénario du moment.

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